Certains patients ou patientes expliquent être sous l’emprise d’un « pervers narcissique », terminologie largement vulgarisée depuis plusieurs années et abusivement utilisée dans de nombreux cas.
Un pervers narcissique est une personnalité hautement toxique et pathologique qui ne correspond pas à toute situation où une personne prend l’ascendant sur une autre.
Il faut bien distinguer deux types d’emprise exercée sur autrui en fonction des buts recherchés par l’auteur : dans un cas c’est une défense contre une peur, une agression ou l’évitement d’une conséquence négative qui engendre une forme de manipulation, que Robert Neuburger nomme « perversion langagière ». C’est de l’ordre du comportement, régulier ou non, mais différent d’une structure de personnalité qualifiable de « perverse ». Son objectif premier n’est pas de nuire mais d’éviter une situation désagréable. Une thérapie de couple, visant à mettre en lumière les mécanismes verbaux et relationnels en jeu, est de nature à pouvoir corriger la situation.
La perversion véritable se caractérise quant à elle par la jouissance par son auteur de la manipulation ou du mal fait à l’autre. L’autre n’est qu’un moyen, un objet interchangeable, comme l’explique très bien dans son ouvrage les « Perversions Narcissiques » Paul Claude Racamier. C’est alors un mode de fonctionnement structurel, très difficilement amendable.
Cette distinction posée, la question de l’emprise psychologique renvoie à la question de la liberté du sujet et du degré de dependance de la victime par rapport à son manipulateur.
Afin de repérer ce degré d’emprise, 4 critères sont à évaluer :
- Si votre conjoint est possessif à un degré élevé qui aboutit à vous priver d’autonomie ou à vous ôter l’envie de cette autonomie,
- Si vous perdez peu à peu l’estime de vous-même, en raison de critiques directes ou insidieuses sur vos actes ou votre inaction,
- Si votre partenaire satisfait uniquement ou prioritairement ses seuls souhaits au détriment des vôtres qui sont repoussés, refusés ou niés,
- Si vous perdez progressivement le lien avec votre entourage, voire l’envie de vous tourner vers votre famille ou vos amis,
Il est fort probable que vous êtes victime d’emprise psychologique.
Si cette relation a attaqué votre estime de vous au point de vous oter le goût du bonheur et l’idée même qu’une autre vie est possible, il est nécessaire de vous faire aider, par votre réseau amical et familial en le réactivant, et de prendre contact avec un professionnel de la relation d’aide, psychologue, psychanlyste ou thérapeute. Celui-ci vous aidera à analyser objectivement les relations que vous entretenez avec votre conjoint et à renouer avec votre estime de vous ou à la renforcer si elle était déjà fragile.
L’important est de ne pas se résigner ou à se laisser gagner par un certain fatalisme … Chacun a droit au bonheur !!!
Robert Neuburger, Les paroles perverses, les reconnaître pour s’en défaire, Editions Payot 2016
Paul Claude Racamier, Les perverssions narcissiques, Editions Payot 2012
Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement Moral : la violence perverse au quotidien , Éditions La Découverte & Syros, 1998
Anne-Laure Buffet, Victimes de violences psychologiques : de la résistance à la reconstruction, Editions Le Passeur, 2016
Site de référence sur la lutte contre la violence psychologique : https://cvpcontrelaviolencepsychologique.com
793 commentaires sur « L’emprise psychologique dans le couple : comment la reconnaître et s’en libérer ? »
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