Coronavirus et inégalités

Comme tout événement négatif la pandémie liée au coronavirus génère chez tous de la peur. Ce sentiment est normal et consécutif à la perte de repères qu’étaient, pour la plupart d’entre nous, la sécurité physique, la sécurité économique et la sécurité intérieure ou psychique.
Ces trois piliers, potentiellement déjà inégalement stables selon les personnes et les périodes de la vie, sont par cette crise impactés de manière plus ou moins importante selon les cas.
 
Pour les personnes les plus exposées, la sécurité physique n’est pas garantie si elles doivent continuer à travailler et ne disposent pas de toutes les sécurités nécessaires pour le faire dans des conditions sereines. Pour les personnes qui ne travaillent pas à l’extérieur de chez elles, malgré le confinement qui réduit très largement la probabilité d’être contaminé, l’absence de risque de contamination n’existe pas puisqu’il faut bien sortir pour se ravitailler.
Ainsi, à des degrés divers, sur un plan objectif, le risque physique est présent et la capacité de chacun à gérer psychiquement ce risque est variable, puisque nous réagissons tous de manière singulière, en fonction de notre histoire et de notre état psychique du moment.
 
La perte de sécurité économique touche de manière différenciée selon l’exposition réelle (perte financière importante ou non, perspectives de pertes à moyen terme ou non) mais le ressenti, la dose d’inquiétude générée n’est pas forcément corrélée à la perte réelle. En effet, celle-ci dépend largement de l’histoire de la personne, de sa sensibilité passée à ce risque (éducation, contexte de vie pendant l’enfance, expériences de vie passées). Et on pourrait ajouter de sa sensibilité globale à la question plus large de la représentation que chacun a de la vie.
 
Et on arrive au troisième pilier impacté par cette crise : la question de la sécurité intérieure ou psychique. Celle-ci correspond au sentiment global, à l’humeur générale ressentie. Se sent on plutôt porté, plutôt en sécurité de manière générale, ressent-on communément un sentiment de paix et de satisfaction  ou se sent-on plutôt régulièrement en risque, en stress, en lutte
Ces deux états globaux sont révélateurs de la dynamique psychique interne.
 
Dans le premier, cas la personne a une capacité de régulation, de retour à un état agréable ou satisfaisant de manière relativement rapide et pérenne. Ce qu’une veut pas dire que la personne n’e soit pas impactée par les événements et par le stress mais sa structure interne, la mécanique psychique agit comme un régulateur et permet un retour à une certaine stabilité. L’idée générale porteuse est que les choses vont plutôt s’améliorer, que des solutions ou le temps vont soulager à moyen terme le présent. Ces personnes ont une capacité de projection positive qui agit comme un amortisseur et comme un moteur de résilience.
 
A l’inverse, lorsque la dynamique interne induit ruminations, inquiétudes, multiplication des thématiques problématiques et absence de perspectives positives, toute réflexion génère davantage d’inquiétude et d’angoisse, comme un engrenage sans fin, qui épuise la personne.
On voit bien que la crise du coronavirus, au delà des impacts réels et factuels différents pour chacun va prendre une ampleur et une dynamique variables selon la structure psychique de chacun.
 

Où ces dynamiques prennent-elles leur source ? Et quelles évolutions peut-on favoriser ?

 
A la première question nous répondrons : ces dynamiques se structurent, s’installent au fil les expériences de vie, comme une sédimentation progressive.
 
A la seconde question : ces dynamiques se déconstruisent patiemment et méthodiquement par un travail thérapeutique qui permet à la personne d’évaluer, de comprendre les mécanismes qui agissent inconsciemment et d’en construire progressivement d’autres qui seront soumis à l’expérience et capitalisés.
 
Cette crise agit donc comme un révélateur, comme un effet grossissant des problématiques antérieures et intérieures mais ceci ne doit pas être vécu comme une fatalité mais bien plutôt comme une inégalité contre laquelle on peut lutter pour bâtir un futur plus doux.