Coronavirus et effet du confinement sur le cerveau

Dans deux précédents articles, j’ai tenté de mettre en évidence les différents effets psychologiques du coronavirus sur notre moral.
Des spécialistes en neurosciences ce sont intéressés à cette question sous l’angle des effets neuronaux et hormonaux du confinement, ce qui apporte un éclairage complémentaire intéressant.
 
 
Le manque de contact social 
 
En premier lieu, les chercheurs ont identifié que le manque de contact social a le même effet qu’une privation de nourriture : l’aire tegmentale ventrale s’active.
 
Cela s’explique selon eux par le fait que nous sommes des êtres sociaux. Les hommes devaient se regrouper pour chasser et survivre d’où ce lien surprenant mais logique entre échange avec autrui, coopération et nourriture.
Cette zone est activée aujourd’hui sous l’effet du manque de liens comme elle pourrait l’être par manque de nourriture.
 
 
Le manque de contacts physiques 
 
En second lieu, le manque de contacts physiques réels pour certaines personnes confinées seules ou devant appliquer des consignes strictes même au sein de leur foyer (je pense aux métiers exposés comme les soignants, les personnels travaillant dans les commerces, les agents d’entretien…) agit sur le cerveau en réduisant la production d’ocytocine. Cette hormone activée notamment par le contact physique, le toucher agit comme un calmant, réduit l’impact de la douleur et du stress. 
La distanciation sociale obligatoire pendant le confinement conduit à une carence qui risque d’être instinctivement compensée lors du déconfinement. Ne nous étonnons pas d’observer ces effusions : c’est la part instinctive qui reprend ses droits !
 
 
Un cortex préfrontal sur sollicité
 
Justement, intéressons nous maintenant à la partie plus élaborée, sophistiquée de notre cerveau : le cortex préfrontal.
 
Les désirs non satisfaits et réprimés augmentent. On active pour cela le cortex pré frontal qui consomme une grande quantité d’énergie. Ce qui explique l’épuisement en fin de confinement et peut stimuler l’envie de compensations (nourriture, alcool, drogues …). 
 
 
Production de cortisol
 
L’incertitude est difficile à gérer. Elle crée du stress qui se manifeste par une production augmentée de cortisol.  Nous l’avons vu dans l’article coronavirus et inégalités, nous ne sommes pas tous égaux face à ce stress. 
Certaind acceptent bien cette incertitude ou s’y résignent. Certains vont même jusqu’à éviter la prise de conscience réelle de la situation, ce qui peut générer des comportements risqués ou de refus des règles mais limite chez ces personnes la production de cortisol. Le cerveau se pollue moins, pollue moins le corps et se fatigue relativement peu.
 
D’autres vont générer un stress intense, des angoisses, voire une phobie.
Des comportements de gestion de ce stress s’observèrent de manière très différentes et parfois se cumulent comme par exemple le repli social, l’activation des peurs, l’agressivité, la dépression voire la décompensation… car en effet sur le plan hormonal le stress agit comme un cercle vicieux auto entretenu et cumulatif.
 
D’où la nécessité de déconfiner également pour des raisons de santé psychique.
En tout état de cause, on voit bien  l’occasion de ce rapide inventaire, non exhaustif, que les effets de cette crise sont loin d’être anodins sur notre métabolisme et que nous serions sages d’être autant bienveillants que vigilants envers nous mêmes et les autres.